samedi 2 juin 2018


Brève présentation de l’Aumônerie Hospitalière Musulmane


I.           L’EXPRESSION DE L’AUMONERIE HOSPITALIERE EN ISLAM


En Islam, les devoirs pour certains, droits pour d’autres, peuvent être classés, selon la catégorie des bénéficiaires, sa famille, soi même, les autres membres de la communauté musulmane, ses voisins,  etc….
Dans la catégorie des droits d’un(e) musulman(e) envers un(e) musulman(e) qui sont au nombre de cinq, il y a العيادة  « al Hiyada » du malade (prononcer un H guttural profond), traduit à tort par certains par « visite », en effet la racine  de العيادة  en arabe  a pour signification  retour,  le sens le plus proche de « Hiyada » est : visite avec des retours, régulière.

On comprend donc que le musulman malade a droit à des visites suivies. Le cercle des « obligés » ne se restreint pas uniquement aux proches (qui sont quand même les premiers concernés) Ce cercle est élargi à toute la communauté, et cet acte s’inscrit dans une solidarité entre tous les membres de la communauté, et revêt un caractère obligatoire, du fait qu’il est préscrit dans un        « hadith » (parole du prophète) authentifié.

La motivation de cette obligation dans l’Islam ne se borne pas uniquement à la sauvegarde de la religion, de la foi de la personne malade, mais également la sauvegarde de sa personne, de son intégrité, de ses biens etc… Nous pouvons dire que l’aumônier musulman selon les préceptes de sa religion est tenu d’apporter au malade musulman toute aide et tout soutien pour à remédier ou atténuer les conséquences de sa maladie.

Il est entendu que cela ne se fait qu’avec l’accord du malade. Mais comme il est de même confession que son aumônier, vivant la même tradition musulmane, il connaît le dévouement de ses frères ou sœurs qui viennent lui rendre visite, il sait la portée du droit d’ « Al Hiyada » il n’hésite pas à solliciter ses frères et soeurs 

Alors comment assumer notre devoir d’ « Al Hiyada » dans le contexte d'un établissement public ?  

L'aumônerie, dans le cadre institutionnel en milieu hospitalier dont l'objectif premier est d'assister le patient pour sa liberté religieuse, le permet. Elle n'est pas en contradiction avec les préceptes de notre religion, bien plus elle est favorable. La laïcité qui est prône la neutralité de l'État face aux religions, dans ce cas paradoxalement oblige l'État à assurer la liberté religieuse du malade. 

Nous avons pu installer quelques services d'aumôneries dans certains établissements et nous sommes très souvent sollicités par des familles pour subvenir aux frais de sépulture de patients décédés à l’Hôpital. Mais comme il a été précisé avant, si le malade en séjour à l'hôpital nous sollicite pour d'autres soutiens à cause de son état, nous répondons. 
Nous avons été sollicités pour trouver un logement pour les familles de patients venant de loin,
transporter des personnes démunis de moyens pour des soins médicaux. D’autres patients vivant seuls nous ont demandé de continuer à leur rendre visite même en dehors de l’hôpital etc… Des services en direction du patient mais aussi de l’hôpital comme la traduction, pour que l’information entre le médecin et patient soit assurée, apporter des repas à des patients et tout cela bénévolement !!
Bien des services qui dépassent le cadre institutionnel, mais que nous accomplissons comme un devoir vis à vis de la communauté, bien entendu en totale cohérence avec l’exercice institutionnel de l’aumônerie dans les établissements publics français.
Tout cela génère des frais que nous devons pour une partie assumer nous-mêmes, avec des collectes dans les mosquées et auprès des fidèles. Nous essayons tant bien que mal d’assurer des budgets pour tout ce qui est activité des aumôniers aussi bien intra comme extra hôpital.

Cette réalité de l’aumônerie musulmane apparaît intéressante, dans la mesure où les soins hospitaliers en ambulatoire prennent de plus en plus de place et qu’il sera fort utile voire indispensable la mise en place un jour d’un suivi post-hospitalisation, qui ne peut être toujours garanti que par des proches, lorsqu’ils existent.

Un second devoir inscrit dans le « hadith » parmi les cinq que la communauté musulmane doit assumer : garantir une sépulture musulmane à ses membres, en prévoyant une présence physique à cette sépulture pour assurer le rituel. Les décès parvenant en majorité dans les hôpitaux, les aumôniers ont un rôle essentiel d’accompagnement du patient et de sa famille que ce soit pour informer de manière neutre et sans intérêts et assurer une coordination.


II.               AUMÔNERIE HOSPITALIERE

Pour connaître l’aumônerie hospitalière il faut à la fois comprendre la loi de 1905, ce qu’est l’Hôpital et connaître le fonctionnement institutionnel de cette aumônerie.

II.1  La loi du 9 décembre 1905


Article1

La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans l'intérêt de l'ordre public.


Article2
La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte. En conséquence, à partir du 1er janvier qui suivra la promulgation de la présente loi, seront supprimées des budgets de l'Etat, des départements et des communes, toutes dépenses relatives à l'exercice des cultes.

Pourront toutefois être inscrites aux dits budgets les dépenses relatives à des services d'aumônerie et destinées à assurer le libre exercice des cultes dans les établissements publics tels que lycées, collèges, écoles, hospices, asiles et prisons.

La loi de 1905 est avant tout une loi de défense de liberté, celles de la conscience et de l’exercice du culte. La séparation de l’Etat et des églises est une condition nécessaire pour cette liberté. Et s’il arrive que cette loi mette des fois des freins aux uns c’est en principe pour permettre cette liberté à d’autres. Toutefois il est difficile pour les hommes de tracer d’une manière nette où s’arrête la liberté des uns et où commence celle des autres.
C’est une loi avec des termes forts : « garantit » et « assure » qui laissent peu de manœuvres. Je ne suis pas certain que tout lecteur de son texte, a conscience de la portée de ces termes, j’ai entendu un directeur de CH (centre hospitalier) en réunion avec les représentants de cultes dire qu’il était d’accord pour le recueil individuel des patients mais qu’il était contre des célébrations de culte collectives dans son établissement !

Chaque fois qu’un croyant est retenu dans un établissement géré par l’Etat, ce dernier doit prendre toutes les dispositions nécessaires pour qu’il puisse librement pratiquer son culte à l’intérieur de cet établissement.  C’est pourquoi La loi de 1905 prévoit la mise en place des aumôneries dans les établissements publics, et fait
une exception à l’interdiction de subventionner un culte pour en assurer le libre exercice dans ces établissements.
Il y a des aumôneries dans les établissements de santé, pénitentiaires, militaires, et la liste n’est pas exhaustive. Le fonctionnement des aumôneries est différent dans ces trois types d’institution.
Concernant le culte musulman, l’histoire ne rapporte pas de réactions de musulmans présents au moment du vote de la loi de 1905. Elle n’est pas à l’avantage exclusif des catholiques ! Les cultes protestant et judaïque l’ont accueilli avec satisfaction. Conséquence les aumôneries ne doivent pas être exclusivement catholiques. A titre d’exemple certains établissements préfèrent ne pas mentionner explicitement de quelle confession il s’agit sur les badges d’identification des aumôniers, pour signifier que le cadre de fonctionnement est strictement le même pour tous. Il ne doit pas y avoir de privilèges entre les aumôneries, car les établissements publics dans leur gestion des aumôneries doivent respecter une stricte neutralité. C’est là, entre autres, que la loi de 1905 trouve toute sa signification.

II.2 L’hôpital

L’Hôpital (qui peut porter des noms divers ; centre hospitalier, centre hospitalier départemental, centre hospitalier universitaire etc..) est un espace public. En effet c’est un espace des plus ouverts, nous y sommes accueillis, hommes ou femmes, jeunes et moins jeunes, de toutes catégories socioprofessionnelles. Nous y sommes déshabillés, au sens propre comme figuré. Pour la majorité nous y sommes nés, et peut être bien que nous y expirerons notre dernier souffle. Un lieu rare où nous y sommes traités et considérés pour ce que nous sommes et rien de plus : des être humains.
L’Hôpital nous y réunit tous quelques soient nos opinions, quelque soient nos croyances, et même si nous n’en avons pas. Tous les codes qui lui sont extérieurs s’estompent et ne reste que ce qui est commun à nous tous notre humanité. Une fois un médecin m’avait fait cette confidence : « c’est étonnant de voir comment des hommes puissants et reconnus comme tels dans notre société deviennent aussi faibles et vulnérables face à la maladie.»
La mission de l’aumônier comme tout acteur dans l’Hôpital, détient une grande part d’humain.
l’Hôpital public (amené à accueillir tout le public) est donc un excellent laboratoire des interactions entre le religieux et le laïc, un modèle de connivence des citoyens quelques soient leurs confessions et même
lorsqu’ils n’en ont pas. Il existe de nombreuses chambres à l’hôpital à deux ou trois lits, où des personnes qui ne se connaissent pas couchent sous le même toit ! C’est un milieu où même les différentes religions doivent cohabiter et œuvrer ensemble, sous l’égide d’une direction qui dans cette situation, et plus que jamais, est
laïque, traitant toutes les religions à égalité. C’est un examen de passage pour nous tous, acteurs comme usagers pour vérifier véritablement si les principes ô combien scandés comme liberté, égalité ou laïcité, trouvent réalité dans cet espace qui est l'Hôpital
Certes les aumôneries sont présentes pour assurer la liberté de culte, mais nous voyons bien que dans ce milieu, l’Hôpital, sa mission ne peut se limiter exclusivement à cela. C’est parce que, la véracité de la
croyance se voit dans notre comportement, si matériellement un patient est dans le besoin et à l’occasion de notre visite sollicite une aide à l’aumônier, il est dans l’obligation selon sa croyance d’assister ce patient matériellement. Nous sommes de ce fait un relais avec toute la communauté musulmane, avec la discrétion et la confidentialité que cela impose, je parle évidemment pour ma confession.
La pratique de la religion n’est pas que spirituelle, ne pas accepter de voir, en plus de la maladie, voir son prochain démuni et sans ressources et agir en conséquence est une forme d’adoration de Dieu. Et lorsqu’un patient de confession musulmane nous sollicite nous prenons en considération sa situation globale.
Notre action n’est pas uniquement en direction du patient. La charte des aumôneries dans les établissements de santé relevant de la fonction publique hospitalière apportée par la circulaire DGOS/RH4 no 2011-356 du 5 septembre 2011 le montre bien.
« Au-delà du rôle de visite au patient qui le demande, ou le cas échéant, d’ordonnateur de rituels mortuaires, l’aumônier apporte son concours à l’équipe soignante ; son action ne se fait pas au seul bénéfice du patient qui l’a demandé : sa présence, par la dimension éthique qu’il porte, est enrichissante pour tous. L’aumônier, éclaire le cas échéant l’équipe médicale et soignante sur les implications que peuvent avoir certaines de leurs décisions au regard des convictions et pratiques religieuses des patients. Sa démarche doit être cohérente avec la démarche de soins.
L’aumônier en raison même de sa spécificité, joue pleinement son rôle d’agent public, à titre permanent ou occasionnel, en contribuant à l’amélioration du service rendu aux usagers des établissements publics qui les accueillent, notamment en œuvrant à la médiation nécessaire à la bonne compréhension de l’organisation du service public par les usagers. Il peut par ailleurs être sollicité pour des actions de formation interne à
l’établissement, en vue de diffuser la connaissance des traditions religieuses. »
L’Aumônier assure en plus une harmonie entre la liberté d’exercice de culte des patients qui l’ont sollicité avec l’ensemble des règles qui permettent à l’Hôpital d’apporter les soins nécessaires pour le bien être de tous et dans le respect de chacun.
Au demeurant l’aumônier musulman qui vient de commencer dans un exercice reconnu à l’Hôpital , n’est pas que l’assistant pour l’exercice du culte mais le frère qui vient vous apporter son soutien total à commencer par la chaleur humaine, un réconfort, il est à l’écoute et agit dans la limite de ses possibilités et prérogatives à tout ce qui pourra le soulager , ne se limite pas à l’assister pour accomplir tel ou tel rituel.
En tant qu’aumôniers nous sommes confrontés à des situations de patients, qui en plus de la maladie ils sont isolés, ignorant presque tout du milieu où ils se retrouvent, démunis. Nous leur répondons pas désolé nous sommes chargés exclusivement que du culte, adressez vous à l’assistante sociale !!

Revenons à l’Hôpital, il ya intérêt à regarder de près, comment tout ce monde interagit à l’intérieur de
l’Hôpital ? D’examiner de près l’attitude des dirigeants et différents responsables des établissements publics avec l’arrivée de l’aumônier musulman, ce dernier qui le veuille ou non, porte une certaine expression de sa religion bien implantée en France.


Je m’étais posé la question : le principe de laïcité peut-il encore s’appliquer de la même manière face à une religion unique et dominante que face à un pluralisme de religions dont une est de plus en plus lisible et visible, et qui plus est, fortement concurrente à celle « majoritaire».
Après multitudes constats je pense que les dirigeants des hôpitaux ne sont suffisamment prêts pour y répondre. Beaucoup d’entre eux font la politique de l’autruche et attendent que « ça passe » d’autant plus qu'ils ne restent jamais trop longtemps dans le même poste. Ceci dit il y a quand même des directeurs courageux qui font face à cette situation nouvelle et essayent d'y répondre avec leurs moyens, ils sont minoritaires.

II.3 Fonctionnement institutionnelle de l'aumônerie hospitalière


Le cadre législatif spécifique à l'aumônerie hospitalière était très limité jusqu'à 2002 avec l'avènement de la loi du 4 mars de cette même année relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé. Dès lors les droits « spirituels et cultuels» sont pris en compte dans la prise en charge globale du patient.
A partir de l'année 2002 il y a eu une « déferlante » d'instructions (2005, 2006, 2011 et 20015) Je cite les principaux textes régissant l’aumônerie hospitalière

1)    Article R. 1112-46 issu du décret n° 74-27 du 14 janvier 1974 relatif aux règles de fonctionnement des centre hospitaliers
« Les hospitalisés doivent être mis en mesure de participer à l'exercice de leur culte. Ils reçoivent, sur demande de leur part adressée à l'administration de l'établissement, la visite du ministre du culte de leur choix ».

2)    La Charte du patient hospitalisé annexée au circulaire DGS/DH n°22 du 6 mai 1995 relative aux droits des patients
Dans le paragraphe VII
« L'établissement de santé doit respecter les croyances et convictions des personnes accueillies. Un patient doit pouvoir, dans la mesure du possible, suivre les préceptes de sa religion (recueillement, présence d'un ministre du culte de sa religion, nourriture, liberté d'action et d'expression ... ».

3)  La Circulaire N°DHOS/P1 n° 2006-538 du 20 décembre 2006, porte sur le service d'aumônerie 

Le choix des aumôniers

Le statut des aumôniers
La rémunération des aumôniers
 Le cumul d’emplois des aumôniers
la limite d'âge des aumôniers


4) La Circulaire N°DGOS/RH4/2011/356 du 5 septembre 2011 relative à la Charte des aumôniers dans les établissements publics de santé
Apporte des précisions sur la mission et le champ d’intervention des aumôniers , le rôle de l’établissement dans l’accès au culte et les domaines de formation (laïques) obligatoires pour l’aumônier


5)  Instruction n° DGOS/RH4/2015/42 du 12 février 2015 

III.           L’AUMÔNERIE HOSPITALIERE MUSULMANE


III.1. Brève histoire de la création de l’aumônerie hospitalière musulmane



Le Conseil Français du Culte Musulman (CFCM) et les Conseils Régionaux du Culte Musulman (CRCM) ont été créés en juin 2003 pour être les interlocuteurs de l’Etat pour toutes les questions liées à l'exercice du culte en France (lieux de culte, le Halal, la formation des imams, les aumôneries etc…). Des commissions de travail sur ces questions ont été mises en place et les règles de leur fonctionnement inscrit même dans les statuts du CFCM
Pour la commission « Aumônerie » il fallait nommer trois Aumôniers Nationaux à la tête des trois aumôneries ; pénitentiaire, militaire et hospitalière. A l’image du CFCM partagé entre fédérations, l’Etat veillera à que l’aumônerie soit partagée entre les trois principales fédérations de musulmans, un partage qui lui-même fixera.
L’aumônerie militaire reviendra à la « Grande Mosquée de Paris » et M. Abdelkader Arbi sera nommé Aumônier militaire en chef musulman le 18 mars 2005.
La pénitentiaire fut attribuée à la FNMF (Fédération Nationale des Musulmans de France) qui deviendra le RMF actuel (Rassemblement des Musulmans de France), M El Alaoui Talibi Hassan sera nommé Aumônier National des Prisons, le 2 mai 2005.
Quant à l’aumônerie hospitalière elle reviendra à l’UOIF (Union des organisations islamiques en France) et M Abdelhaq Nabaoui sera nommé Aumônier National Hospitalier Musulman en septembre 2006.
Dès le départ l’Aumônerie Hospitalière partait avec un handicap, les autres aumôneries disposaient de budgets et d’un bon encadrement législatif. Alors que la gestion des établissements de santé est décentralisée, son budget ce sera donc ce que les établissements de santé voudront bien accorder. En outre le cadre législatif spécifique à l'aumônerie hospitalière était limité à ce moment. Le premier cadre clair, précis et réunissant tous les éléments nécessaire pour le fonctionnement des aumôneries hospitalières en milieu public est la charte apportée par la circulaire de septembre 2011 (soit 5 ans après la nomination de l’Aumônier National)

Depuis 2006 à février 2015 l’Aumônier National Hospitalier Musulman (ANHM) devait s’appuyer sur les CRCM pour gérer localement l’Aumônerie Hospitalière Musulmane. Le résultat dépendait donc du dynamisme des personnes élus au sein des CRCM. A juger des résultats tangibles sur le terrain, ce ne fut pas une bonne stratégie que de charger les CRCM des aumôneries hospitalières. Pire encore certains CRCM agissaient en entière abstraction de l’autorité de l’ANHM. Pour des raisons de « querelles de mosquées » (petites comme grandes à contrario dans le catholicisme les querelles sont de chapelles et non de cathédrales) Ceci ne peut survenir aux autres aumôneries, leurs dispositions réglementaires sont bien strictes. Un exemple : les Ministères de la défense et de la Justice connaissent exactement les identités des aumôniers locaux musulmans recrutés, ce qui n’a jamais été le cas pour le Ministère de la santé, jusqu’à la dernière circulaire de février 2015, aucune disposition de contrôle au niveau de l’Etat.

Une situation de désordre quasi total régnait au sein de l’Aumônerie Hospitalière Musulmane en France, tellement que l’ANHM faillit démissionner. D’où une réorganisation annoncée dans l’instruction du 12 février 2015. Sa gestion locale fut confiée aux Aumôniers Régionaux Hospitaliers Musulmans (ARHM). Elle a l’avantage de pouvoir être pérenne. Ces ARHM ont été choisis par l’ANHM leurs nominations n’a pas été donc laissées au hasard d’une élection ! Précisons que les membres des CRCM sont élus tous les trois ans et pour l’actuel mandat pour six ans.

Juste après la circulaire de février 2015 l’ANMH mit en place une charte et un cahier de charge que doivent respecter les ARHM.

III.2.        L’instruction du 12 février 2015

L’instruction du ministère de la santé n° DGOS/RH4/2015/42 du 12 février 2015 a voulu donner un nouvel essor à l’aumônerie hospitalière musulmane. Elle met la responsabilité de cette aumônerie au niveau régional aux mains de l’Aumônier Régional Hospitalier Musulman lui-même désigné par l’Aumônier Hospitalier National Musulman. Auparavant c’était le CRCM qui avait cette responsabilité au niveau régional : voici l’extrait de la circulaire N°DHOS/P1/2006/538 du 20 décembre 2006 § II.1 Choix des aumôniers, qui le confirme

« Des services d’aumônerie, au sens de l’article 2 de la loi de 1905, peuvent être mis en place pour chaque culte qui le demande, en fonction des besoins exprimés ou recensés par l’établissement hospitalier, social ou médico-social concerné. Quel que soit le culte auquel ils appartiennent, les aumôniers sont recrutés ou
autorisés par les chefs d’établissement sur proposition des autorités cultuelles dont ils relèvent en fonction de leur organisation interne : évêchés, consistoires israélites central, régionaux ou locaux, aumônier national hospitalier du conseil français du culte musulman ou des conseils régionaux du culte musulman et commissions nationale ou régionale des aumôneries des établissements sanitaires, sociaux et médicosociaux de la Fédération protestante de France ou présidents des Conseils régionaux de l’Eglise réformée de France, etc... En l’absence d’autorité cultuelle clairement identifiée, il ne peut être donné droit à une demande de mise en place d’un service d’aumônerie. »

Les changements viendront dans l’instruction n° DGOS/RH4/2015/42 du 12 février 2015, extrait :
« Il est cependant apparu que, concernant le culte musulman, des difficultés ont pu surgir dans certaines régions pour identifier l’autorité cultuelle légitime, notamment dans le cas où plusieurs associations locales ou régionales entendaient désigner un aumônier.
C’est pourquoi, afin d’éviter une excessive centralisation du processus de désignation, il a été décidé, en accord avec le Bureau central des Cultes du ministère de l’Intérieur et après échange avec l’aumônier national hospitalier désigné par le Conseil français du culte musulman, que les aumôniers musulmans dans les établissements relevant de la fonction publique hospitalière sont désignés par les aumôniers régionaux après avis de l'aumônier national. »

Une façon diplomate de sous-entendre que les CRCM n’ont pas toujours été capables d’organiser les aumôneries hospitalières dans certaines régions.
Le service de culte à mettre en place, le cas échéant, doit correspondre aux besoins réels constatés. Il doit donner satisfaction aux patients bien entendu, mais ne doit mobiliser que les moyens nécessaires. S’agissant d’établissements publics, l’argent des contribuables, que nous sommes tout un chacun, doit être utilisé à bon escient. Cela est valable aussi bien pour les aumôneries récentes comme la musulmane, que pour celle déjà en place, (catholique par exemple).

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